Le Ministère de la Culture a suggéré au RNCAP d’élaborer un glossaire propre à l’Art de Conter. Pour aboutir, le Conseil d’Administration a imaginé mettre en ligne sur son blog, un mot chaque semaine de 2024, et ouvrir les commentaires afin que chacun, chacune donne sa définition de ce mot, au regard de l’Art de Conter.
Voici un 2ème mot à définir :
visualisation
VISUALISATION. Très simple, aussi simple que voir en rêve, mais pas facile à apprendre éveillé. C’est donc un « état » ? Un état dans lequel il faut pouvoir se mettre, ou se (re)trouver, pour conter vraiment. Apprendre comment se (re)trouver dans l’état de visualisation peut-être long… ou soudain : un déclic. Une porte qui s’ouvre. La visualisation nous oblige à avoir traversé l’histoire que l’on raconte, dans toutes ses dimensions, à l’avoir visitée, fouillée, rêvée, laissée dormir. Les images viennent d’elles-mêmes. Au moment où elles l’ont décidé. Comme certains chiens, elles ne viennent pas immédiatement quand on les appelles. La visualisation, pour le conteur, ce n’est pas être « derrière l’histoire », c’est être totalement « dans l’histoire ». Alors l’histoire accepte d’ouvrir un hublot, par lequel le conteur, depuis l’intérieur, peut projeter vers les autres les images qu’il visualise. Et ceux qui l’écoutent, alors, les voient. Faire voir, c’est donner. Visualiser, c’est travailler er rêver.
VISUALISATION, complément :
étrangement, pour « visualiser », il ne suffit pas de « voir » (voir les images en soi pour pouvoir les dire). Il est également indispensable de mobiliser ses autres sens : l’ouïe, le goût, l’odorat, le toucher et le 6ème : l’intuition. Eh oui, les ambiances sonores, la saveur des choses, les sensations corporelles et – leur raison d’être dans l’histoire – ce quelles vont créer dans le développement et les péripéties font partie des images visualisées. Quand vous imaginez un lilas en fleur, ne vous souvenez-vous pas de son parfum ?
Claire a tout dit 👍 sauf que…
Le public aussi doit faire cet effort de visualisation. On ne fait pas que recevoir quand on est public, on travaille aussi à cette visualisation. Si le conteur « donne à voir » au public, ce « don » ne sera jamais reçu inact: il sera reconstruit, personalisé et amélioré par chaque individu, selon ses propres images, sa propre expérience, et ses goûts. Le public lui-même travaille à cette visualisation.